Le Centre grégorien Saint-Pie X, oeuvre sous l'égide de la Fraternité Saint  Pie X dans le district de France, est hébergé par la  Fraternité de la Transfiguration (Mérigny). Il a pour but de favoriser l'étude et la pratique du chant grégorien dans un cadre liturgique. Pour cela, il se place dans la lignée de l'interprétation de Dom Gajard et, dans le cadre des sessions qu'il organise, fait participer quotidiennement au chant de la messe et des complies. L'enseignement dispensé s'atta­che à couvrir l'ensemble des besoins, des débutants jusqu'aux chefs de chœur, en passant par les organistes et les camps pour enfants.

Dates des prochaines sessions : 18-24 février  -    7-13 juillet    -    18-24 août   2024

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mode

  • What is a mode ?  Voilà le titre d’un concert donné par Leonard Bernstein aux Young Peoples en 1966. Dans ce concert il explique ce que sont les différents modes, avec exemples à l’appui à l’orchestre ou au piano. Il y analyse la pièce Fêtes de Debussy, issue de ses Nocturnes pour orchestre.

    L’étude historique sur la modalité que nous introduisons ainsi n’a pas un simple objectif de culture historique. Son but est de manifester où est passé l’esprit du chant grégorien aujourd’hui. Quand on parle de mode, on pense tout de suite au chant grégorien car c’est un monde dont le chant grégorien fait partie. Mais l’histoire de la musique s’est ensuite fermée, puis enfin ouverte de nouveau à ce monde modal.

    En réalité toute musique contient des modes, car un mode est l’échelle des notes utilisées dans une pièce musicale ou une section. L’importance structurelle donnée à telle ou telle note constitue le mode et crée une ambiance particulière que les anciens appelaient éthos. En musique dite tonale, on parle du mode mineur, qualifié de triste et du mode majeur, qualifié de joyeux. En chant grégorien le compositeur a huit modes principaux, encore plus diversifiés, à sa disposition.

    Modulation et transposition

    Vous pensez peut-être qu’il s’agit de savoir si ce sont les touches noires ou les touches blanches du piano, telles touches noires et telles touches blanches qui sont utilisées. Il n’en est rien, c’est une histoire d’intervalles, c’est-à-dire de rapports. Avec les seules touches blanches d’un piano, on peut créer au moins 7 modes de 7 degrés selon la note qui commence la gamme, c’est ce qu’expose Bernstein dans son fameux concert.

    Si je décale la même gamme (les mêmes écarts) un ton ou une quinte plus haut, j’ai fait une transposition, mais je n’ai pas changé de mode. Faites l’exercice : jouez la gamme de do sur votre piano, chantez-la en commençant sur le ré, vous verrez que cela ne correspond pas aux notes blanches du piano. La transposition nous est plus facile que la modulation.

    En effet, si je chante la gamme de ré majeur (ce que vous venez de faire) ou la gamme de ré en utilisant les touches blanches, j’ai modulé. J’ai changé la structure de ma gamme.

    La tonique ou finale

    Dans son concert évoqué ci-dessus, Bernstein fait défiler les modes selon leur finale ou tonique, en langage commun la première note de la gamme. Elle est appelée tonique, car elle est déterminante, c’est la note vers laquelle la mélodie tend comme vers son repos. C’est aussi pourquoi elle est appelée finale, surtout en chant grégorien.

    Omettant au départ le mode de do sur lequel il souhaite finir, Bernstein commence par le mode de ré, appelé Dorien. Pour les anglo-saxons, cette note est désignée par la lettre D, la mémorisation du nom en est facilitée. La caractéristique de ce mode, très utilisé dans la musique populaire et en chant grégorien est d’être mineur, car le fa n’est pas dièse, mais en même temps de ne pas avoir de sensible : la septième note (do) est à un ton entier du retour de la tonique. Cette dernière caractéristique n’existe pas dans la musique dite tonale.

    Le second mode étudié est le plus original. Lorsque l’on descend la gamme, il se termine par le demi-ton fa-mi qui en fait toute la spécificité et l’arduité. Au déchiffrage, seuls des grégorianistes chevronnés ou accompagnés peuvent se reposer sur cette finale mi. Ce mode de mi est devenu célèbre dans la musique andalouse (chantez : mi-fa-sol-fa-mi-ré-mi et vous y serez) mais certains ont cherché à faire du mi une dominante de la mineur afin de retrouver des cadres plus classiques. Les anciens l’appelaient Phrygien.

    Le mode de fa nous est beaucoup plus familier. Toutefois le triton formé par les trois tons qui s’enchaînent au début de la gamme (fa-sol-la-si, appelé diabolus in musica) lui donne un côté quelque peu âpre. Déjà Brahms l’utilisait volontiers avant qu’il revienne en honneur chez Debussy. Il suffit de rendre le si bémol (en l’abaissant d’un demi-ton) et l’on retrouve la structure du mode de do, notre gamme majeure.

    On pourrait qualifier le mode de sol de « super-majeur ». Il retrouve la deuxième caractéristique du mode de ré, pas de sensible, mais dans un mode majeur. Les trois tons successifs sont encore présents mais la situation centrale de la tonique dans ce groupe en atténue l’effet.

    Bernstein explique ensuite que le mode de la reprend presque intégralement le mode de ré. Le mode de si, quant à lui, n’est pas stable, car son accord de base (si ré fa) n’est pas parfait, il ne sonne pas bien à l’oreille. Quant au mode de do, il nous est bien connu sous le nom de gamme majeure.

    La dominante

    Il existe d’autres notes importantes dans les modes. La première est la dominante. Elle peut servir de corde de récitation, car elle est un peu plus élevée dans la gamme. Elle sert donc de point haut autour duquel tourne la mélodie avant de se reposer sur la tonique. C’est le cas, évidemment, dans la psalmodie grégorienne mais beaucoup de mélodies classiques ou populaires suivent un schéma assez similaire.

    Sa position peut varier. En musique tonale elle se situe toujours à la quinte (5e note de la gamme). En chant grégorien elle peut être à la quinte ou à la tierce, selon l’étendue (ambitus) du mode. Mais elle varie encore à la quarte ou à la sixte, sans parler de certaines exceptions que nous évoquerons en temps voulu.

    La cadence

    De temps en temps la mélodie se pose ou s’interrompt pour une respiration. On dit alors qu’elle tombe et fait une cadence (du latin cadere : tomber). Mais cette cadence n’est pas toujours un vrai repos. Elle peut être conclusive ou suspensive, solennelle comme une cadence plagale ou évidente comme une cadence parfaite. L’harmonie viendra souligner les ponctuations de la mélodie, toutefois celle-ci est première et guide l’harmonie, même si l’on peut accompagner une même mélodie de plusieurs manières.

    Pour conclure, nous touchons du doigt la complexité de la modalité : une musique formée de quelques notes peut être très riche en raison de la structure de celles-ci. Il n’y a qu’à contempler l’introït de la messe du jour de Pâques, construit sur quatre notes principalement. Il contient beaucoup plus de richesse mélodique que certaines musiques qui utilisent presque toutes les touches du piano. Nous entrerons maintenant dans le détail des différentes manifestations historiques de la modalité.

     

    Abbé Louis-Marie Gélineau, prêtre de la Fraternité Saint Pie X

     

    Nota bene:  Les vidéos originales des explications de Leonard Bernstein sont disponibles EN ANGLAIS aux adresses suivantes :

    Vidéo 1/4  : https://youtu.be/UGTT_VK2kVY

    Vidéo 2/4  : https://youtu.be/EWtUCAYV3so

    Vidéo 3/4 : https://youtu.be/k5dWEPXF_ZU

    Vidéo 4/4 : https://youtu.be/_UHUDkZeCgU

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