Mozart et le chant grégorien
On rapporte couramment le mot de Mozart : « J’aurais donné toute mon œuvre pour avoir composé l’Exultet. » À première vue, on pourrait le considérer comme une boutade, non qu’il faille nier la beauté du chant de consécration du cierge pascal, mais il faut admettre qu’il s’agit d’une des pièces du répertoire les plus simples dans sa mélodie, comme le sont les préfaces : un ambitus restreint, dans lequel on n’utilise pas tous les degrés de la gamme et sans aucune polyphonie. Il faut ajouter que la manière de chanter le grégorien à l’époque de Mozart n’avait rien de la souplesse apportée par la restitution de l’école de Solesmes par dom Pothier et dom Mocquereau. Que pouvait donc valoir l’Exultet face aux chefs d’œuvre du maître inspiré : les Noces de Figaro, les concertos pour piano ou autres instruments, Don Juan et La Flûte Enchantée, les trois dernières symphonies et le reste de son œuvre ? Berlioz déclarait le plain-chant, issu de la musique des Grecs païens, incapable d’exprimer la musique de Dieu. Il ne concédait qu’à Mozart de s’en être approché, en particulier par l’Ave Verum.
En sens contraire, Mozart n’est pas le seul à avoir établi ce lien entre le chant grégorien et sa musique. Même si cette utilisation de la musique est détournée de son objet premier, j’utiliserai à titre de confirmation l’argument de la musico-thérapie, cette science qui cherche à obtenir des effets bénéfiques sur le corps par l’écoute musicale Il est évident qu’elle n’utilise pas les derniers tubes à la mode. Nombre d’études, comme celle du Dr Nghiem (Musique, intelligence et personnalité), montrent l’effet dévastateur pour le corps et le cerveau de ces musiques dont nous sommes abreuvés en permanence. La musico-thérapie utilise, quasi exclusivement, le chant grégorien et la musique de Mozart.
Quel est donc le rapport entre Mozart et le chant grégorien, pour que lui-même s’en considère si éloigné, que Berlioz émette l’avis contraire et que la musico-thérapie les rassemble ?