Histoire de la modalité (3bis) : les modes archaïques selon J. Viret
Sans partager toutes les analyses du célèbre musicologue, je dois, après la lecture de sa thèse, “Le chant grégorien et la Tradition grégorienne”, nuancer tout au moins, et proposer une autre lecture de la modalité archaïque. L’analyse des musiques anciennes n’est pas toujours aisée, il n’est pas nécessaire d’accepter à 100 % l’une des deux thèses et de refuser l’autre aussi catégoriquement, certaines analyses se complètent en réalité. En effet, tandis que dom Saulnier analyse les finales modales, Jacques Viret classe les modes selon les incipits.
Un principe de base de la modalité archaïque : l’échelle défective
Par l’analyse des musiques populaires anciennes et de chants enfantins naturels, notre auteur remonte aux structures originelles de la musique : ce ne sont pas les tons et demi-tons montants – comme dans nos gammes modernes – mais plutôt la tierce mineure et la quarte descendantes (do-la et do-sol ou la-mi et sol-mi). À partir de ces échelles très courtes, la gamme se remplit progressivement.
Parmi les pièces anciennes, les litanies des saints utilisent ce qu’il nomme l’incipit tricordal I : tierce descendante + seconde majeure (do-la-sol).